Il divise autant qu’il fascine. Figure incontournable du paysage politique israélien depuis plus de trois décennies, Benjamin Netanyahu est de ceux dont l’histoire se confond avec celle de leur pays. Stratège méthodique pour les uns, homme de pouvoir sans limites pour les autres, il reste, en dépit des critiques, une énigme complexe et résolument contemporaine.
Une jeunesse marquée par le nationalisme et l’exil
Né le 21 octobre 1949 à Tel Aviv, Benjamin Netanyahu grandit au sein d’une famille où le nationalisme sioniste est une évidence. Son père, Benzion Netanyahu, historien respecté, et sa mère, Tzila Segal, l’ancrent dans un imaginaire façonné par la lutte pour l’existence d’Israël.
Son adolescence se partage entre Israël et les États-Unis, où il excelle dans les études comme dans le sport. Cette double culture forgera son rapport pragmatique au monde, oscillant entre fierté nationale et stratégie internationale.
Entre combats militaires et ambitions universitaires
Engagé dans les Forces de défense israéliennes en 1967, Netanyahu sert dans l’unité d’élite Sayeret Matkal, participant à des missions aussi périlleuses que symboliques. Blessé à plusieurs reprises, il quitte l’armée au grade de capitaine, marqué à jamais par cette expérience du combat.
À son retour aux États-Unis, il poursuit des études prestigieuses au MIT, puis à Harvard, en architecture et en administration publique. Cette formation l’équipe d’une vision globale, où la diplomatie et la défense nationale ne font qu’un.
L’art de la diplomatie avant la conquête politique
En 1984, Netanyahu est nommé ambassadeur d’Israël auprès des Nations Unies. Son talent oratoire, son art de la persuasion et son inflexibilité sur les questions de sécurité lui valent une reconnaissance internationale.
Élu à la Knesset en 1988 sous l’étiquette du Likoud, il gravit rapidement les échelons jusqu’à prendre la tête du parti en 1993. Sa maîtrise des médias et son flair politique en font alors l’une des figures montantes du pouvoir israélien.
Un Premier ministre à la longévité record
Élu Premier ministre en 1996, Netanyahu devient le plus jeune chef de gouvernement de l’histoire d’Israël. Il incarne alors une approche sécuritaire stricte et une ouverture limitée vis-à-vis des Palestiniens.
Battu en 1999, il revient au pouvoir en 2009, inaugurant l’une des périodes de gouvernance les plus longues de l’histoire du pays. Ses mandats successifs sont marqués par une opposition frontale à l’Iran, une politique économique libérale et un positionnement ferme sur la scène internationale.
L’attaque du 7 octobre 2023 par le Hamas, l’une des plus meurtrières de l’histoire récente d’Israël, provoque une riposte militaire massive sous sa direction. Accusé par certains d’une défaillance sécuritaire, il conserve néanmoins une base électorale fidèle, galvanisée par sa réponse militaire.
Les controverses d’un chef de file
Malgré son statut d’homme d’État aguerri, Netanyahu n’échappe pas aux scandales. Mis en cause pour corruption, fraude et abus de confiance, il fait face à plusieurs procès qui entachent son image, sans pour autant interrompre sa trajectoire politique.
Son style de gouvernance, souvent décrit comme autoritaire, divise profondément la société israélienne. Ses détracteurs lui reprochent de cultiver la polarisation et de privilégier son maintien au pouvoir à toute autre considération.
Un héritage aussi dense que controversé
Leader visionnaire pour ses partisans, homme de pouvoir obsessionnel pour ses adversaires, Benjamin Netanyahu incarne toutes les tensions d’Israël. Il laisse une empreinte profonde sur la politique intérieure, les équilibres régionaux et le rapport d’Israël au monde.
Son héritage reste en construction, à l’image d’un pays en perpétuelle mutation, entre quête de sécurité, soif de reconnaissance et aspirations démocratiques.