Il y a plusieurs décennies, j’étais en charge de la sécurité rapprochée d’un acteur américain mondialement connu : Val Kilmer. Il séjournait alors à l’hôtel Ritz, à Paris. La suite ? Une opération de protection qui tourna à l’improvisation… et à l’humanité.
Ce jour-là, impossible d’approcher l’entrée de l’hôtel sans déclencher une cohue. Les paparazzis formaient une meute compacte devant le Ritz. Chaque tentative de sortie déclenchait bousculades, flashes, cris. Il a donc fallu agir vite. Et différemment.
La décision fut prise rapidement :
Direction le métro parisien.
Oui, le métro.
Val Kilmer, star d’Hollywood, assis en face de moi sur une banquette de métro, entouré d’usagers qui n’en croient pas leurs yeux, ou qui ne le reconnaissent même pas.
Il me regarde, calme, détendu, et me demande : — Comment tu vas ?
Je réponds que ça va… et sans réfléchir, je lâche : — J’ai faim.
Il sourit.
Arrivés à destination, il me propose de déjeuner ensemble. Tranquillement. Sans escorte, sans formalité. Juste deux hommes qui partagent un moment suspendu, dans une ville trop bruyante pour entendre le silence.
Ce jour-là, j’ai compris que les plus grandes célébrités sont parfois les plus simples.
En sécurité comme ailleurs, on planifie. On anticipe. On balise.
Mais il arrive que l’imprévu s’impose. Et c’est dans ces moments-là que se révèle la capacité à improviser avec efficacité, sans perdre de vue la mission.
Ce jour-là, nous avons atteint notre objectif. Discrétion, fluidité, sérénité. Et, en prime, un souvenir inoubliable.
Bon vent, Monsieur Kilmer.
Vous resterez à jamais Iceman.
Mais pour moi, vous serez surtout un homme vrai, simple, et bienveillant.