Franchir les portes du tribunal de commerce de Lyon pour placer mon entreprise en liquidation judiciaire restera, sans aucun doute, l’épisode le plus douloureux de ma vie professionnelle.

Tout allait bien… jusqu’au jour où tout s’est effondré

Avant cet effondrement, tout semblait aligné. J’étais un salarié investi, devenu entrepreneur passionné. Huit années de travail acharné. Une entreprise solide. Une activité « bankable ».

Et puis, soudain, tout s’est arrêté. Le Covid-19 est passé par là, avec la délicatesse d’un rouleau compresseur. En quelques mois, ce que j’avais construit a été balayé par des circonstances totalement incontrôlables.

L’échec n’a rien de romantique

On entend souvent que l’échec est formateur. Que l’on en sort grandi.

Honnêtement ? Je cherche encore le diplôme.

J’ai surtout appris ce que cela fait de recevoir un coup de massue moral et financier. Il n’y avait pas de leçon cachée. Pas de révélation inspirante. Juste une douleur brute, et une réalité à encaisser.

Les donneurs de leçons ne prennent jamais de risques

Après coup, certains vous expliquent ce que vous auriez dû faire. Ils analysent avec assurance ce qu’ils n’ont jamais vécu. Beaucoup n’ont jamais pris de risque, jamais créé d’entreprise, jamais expérimenté l’incertitude.

L’entrepreneuriat, ce n’est pas un business plan sur PowerPoint. C’est un corps-à-corps avec le réel.

Le plus difficile, ce n’est pas la chute

Ce qui m’a le plus coûté, ce n’est pas la liquidation en elle-même. C’est ce qui vient après.

Accepter. Encaisser. Se redresser. Repartir avec ce sentiment d’avoir tout donné, pour un résultat bien différent de ce que j’imaginais.

Mais la vie continue.

Rebondir… lentement mais sûrement

Après cet échec, j’ai retrouvé un emploi en neuf mois. À 55 ans, certains diraient que c’est un exploit. Pour moi, c’était une nécessité. Reprendre pied, retrouver une place, réapprendre à faire confiance… et à me faire confiance.

Trois ans plus tard, je poursuis ma reconstruction. Plus lucide, plus résilient, avec un regard différent. Et, il faut bien le dire, avec un peu moins d’illusions.

L’entrepreneuriat me manque-t-il ?

On me pose souvent la question.

Ma réponse spontanée est : non.

Mais au fond de moi, une petite voix continue de murmurer :
« C’était quand même quelque chose… »